juin 13, 2011

Lettre ouverte à l'intention du GIEC concernant la géoingénierie

Dr. Rajendra K. Pachauri

Président du GIEC

a/s Organisation météorologique mondiale

CH- 1211 Genève 2, Suisse

 

Cher Dr. Pachauri,

Les organisations signataires de cette lettre aimeraient exprimer leurs inquiétudes concernant la prochaine rencontre d’experts du groupe de travail conjoint du GIEC portant sur la géo-ingénierie, qui se tiendra à Lima (Pérou) du 20 au 22 juin 2011.

La géo-ingénierie, soit la modification intentionnelle à grande échelle des systèmes terrestres dans le but de modifier le climat, représente l’une des plus importantes questions sur lesquelles la communauté internationale devra se prononcer au cours des prochaines années.  Les projets visant à modifier artificiellement la chimie de nos océans afin qu’ils absorbent davantage de CO2, à modifier l’équilibre radiatif de la Terre, à créer de nouveaux puits de carbone au sein d’écosystèmes fragiles, ou à détourner les ouragans et les autres événements météorologiques extrêmes demeurent alarmants.  Accidents, expériences dangereuses, évaluation inadéquate du risque, impacts inattendus, unilatéralisme, bénéfices privés excessifs, perturbation de l’agriculture, conflits entre les États, buts politiques illégitimes et conséquences négatives pour les pays du Sud sont autant d’aspects problématiques qui demeurent hautement probables.  En contrepartie, la probabilité que la géo-ingénierie fournisse une solution sécuritaire, durable, démocratique et pacifique à la crise climatique est nulle. 

Le GIEC vise à apporter des éléments pertinents pour l’élaboration de politiques et à être non partisan.  Cette organisation doit de plus prendre grand soin de ne pas ruiner sa crédibilité en ce qui concerne la géo-ingénierie, cette dernière gagnant des appuis au moment précis où les avancées concrètes en matière de lutte et d’adaptation aux changements climatiques se font timides.  L’annonce de cette rencontre d’experts par le GIEC suggère d’emblée que la géo-ingénierie se taillera une place au sein de la panoplie de solutions légitimes aux changements climatiques (une affirmation qui demeure fortement contestable), et que la tâche du GIEC consiste à déterminer quel rôle cette option jouera.  Permettez-nous, Dr. Pachauri, de souligner qu’il ne s’agit pas ici d’une question relevant d’abord de la science; il s’agit d’une question d’ordre politique.  Les organisations paysannes internationales, les peuples autochtones et les mouvements sociaux ont tous signifié une farouche opposition à de telles mesures qu’ils considèrent être de fausses solutions à la crise climatique.

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Consultez la lettre en format pdf pour la liste des organisations signataires.

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